Cette question est en effet d’une brûlante actualité. En France aujourd’hui la presse est concentrée entre les mains d’une dizaine de milliardaires qui contrôlent à eux seuls la quasi-totalité des grands médias nationaux, et une bonne partie de la presse régionale. Ils se nomment Bolloré, Lagardère, Arnault, Dassault, Drahi, Pigasse, Niel, Berger, Bettencourt ou Tapie. Affairistes industriels ou financiers, ils ont un point commun : aucun n’est issu du monde de la presse. Après avoir pris possession des titres (Le Monde, Libération, Le Figaro, Canal +, Télérama, TF1, L’Obs, Le Point, pour
n’en citer que les principaux) ils s’attaquent maintenant à leur contenu éditorial et aux rédactions (cf. 31 jours de grève à Itélé qui aboutissent au départ 25 journalistes, licenciement pour motif politique à l’Obs, suppression d’émissions qui déplaisent à l’actionnaire principal de Canal+, etc.). Des plans sociaux sont annoncés en cascade dans tous les secteurs de la presse (nationale, régionale, magazines, journaux spécialisés, etc.) illustrant combien l’arrivée des richissimes oligarques n’avait
nullement pour but de soutenir la presse et d’investir.
Ainsi, c’est toute la logique qui a prévalu depuis la libération pour doter le pays d’une presse indépendante des puissances d’argent qui est défaite, et avec elle les espoirs du Conseil National de la Résistance qui souhaitait comme l’a dit Albert Camus en 1944 : "Libérer les journaux de l’argent et leur donner un ton et une vérité qui mettent le public à la hauteur de ce qu’il y a de meilleur en lui".