Halte au racisme anti-roms dans l'agglomération

Brève

Depuis leur expulsion et la fermeture du camp d'Esmonin par la mairie de Grenoble en juillet, des dizaines de familles roms (totalisant environ 200 personnes) qui n'ont aucune solution de relogement essayent d'occuper des bâtiments pour s'abriter avant l'hiver. Elles ont besoin d'un toit, et vont donc trouver refuge dans des maisons vides. Dans l'agglomération grenobloise, environ 10 000 logements vides sont laissés à l’abandon et à la dégradation alors qu’environ un millier de personnes sont à la rue (1)(2).

Depuis cet été, trois familles au moins ont été expulsées de leur logement par des riverains qui les menacent et les chassent de façon violente, en toute illégalité et sans aucune légitimité car aucune décision de justice n'avait été rendue (3).

Ces "riverains" (4) sont certainement apeurés par les discours médiatiques et politiques véhiculé sur les personnes SDF ou les personnes migrant·e·s. Ils ont alors vu dans ces nouveaux voisins la principale cause de leurs problèmes, la cause de tous leurs maux, un malheur supplémentaire qu'il fallait éviter à tout prix.

Nous avons voulu relayer cette triste actualité de l'agglomération d'une part pour souligner le rôle des politiques et des médias dans la montée de cette haine des roms, que ce soit par leurs discours (sur les réseaux de prostitution ou de la mafia de la communauté rom) ou par leurs actes (expulsions justifiées par des prétextes calomnieux de maladies, maisons détruites ou brûlées après chaque expulsion pour éliminer les « infections »). Leur rôle est aujourd'hui d'agir pour pour mettre fin à cette violence raciste décomplexée (notamment en proposant des solutions de relogement pour éviter de reproduire de nouvelles crises à l'avenir, en dénonçant et attaquant en justice les actes racistes commis sur leur commune). D'autre part nous voulons également dénoncer les actes qui ont été commis et exprimer notre solidarité envers les roms et l'ensemble des personnes en grande précarité de l'agglomération.

A nous de réagir pour que les peurs causées par la manipulation, le manque d’information et l’angoisse de la précarité ne se transforment pas partout en haine raciste puis en violence physique. A nous de ne pas nous tromper de coupable lorsque la situation économique se fait de plus en plus dure, pour éviter à tout prix cette manipulation entraînant la guerre des pauvres contre les pauvres.

(1) Soit 9.6% de la totalité des logements, d'après une enquête INSEE publiée en 2012.

(2) Le chiffre de 1000 personnes est une estimation du collectif hébergement-logement en septembre 2015, basé sur le nombre de personnes que ses membres accompagnent dans leurs recherches de logement décent. Le chiffre réel est probablement bien supérieur.

(3) Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le communiqué du collectif hébergement-logement.

(4) Les propriétaires d'une maison rue Romain Rolland à St Martin d'Hères ont finalement reconnu qu'ils ne connaissaient pas une grande partie des manifestant·e·s, que la manifestation leur avait échappé, et déclaraient « nous et nos voisins nous désolidarisons totalement des propos racistes » dans un article paru dans le Dauphiné libéré du 26 septembre.